Boukhara - Miri Arab Médersa
La Miri Arab Medersa à Boukhara : un chef-d’œuvre de l’architecture et de l’éducation islamiques
La Miri Arab Medersa, l’une des plus somptueuses institutions éducatives et religieuses islamiques du 16e siècle, se trouve au cœur de la ville historique de Boukhara en Ouzbékistan. Ce chef-d’œuvre architectural fait partie de l’ensemble de Poi-Kalon et a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de son importance culturelle et historique. La médersa, qui sert encore aujourd’hui de lieu de formation à l’érudition islamique, est un témoignage impressionnant de l’art architectural et de la vie spirituelle d’Asie centrale.
Histoire de la construction et légendes
La construction de la Miri Arab Medersa remonte au cheikh Sayyid Abdullah al-Yamani Khazaramavti, un érudit et mystique très respecté d’origine yéménite. Al-Yamani a bénéficié de la confiance et de l’admiration d’Ubaidullah Khan, un souverain de la dynastie shaybanide, qui lui a donné les moyens de construire cette remarquable institution.
Le financement de la construction reste aujourd’hui encore entouré de légendes. Selon une version, 3.000 prisonniers perses auraient été vendus en esclavage pour financer le projet. Une autre version affirme que les fonds ont été levés lors de campagnes militaires. Les historiens ne sont pas non plus d’accord sur l’année exacte de construction de la medrese : certaines sources datent la construction des années 1535 à 1536, tandis que d’autres supposent que la medrese existait déjà avant la mort de Sayyid Abdullah al-Yamani Khazaramavti en 1526 et qu’elle a simplement été rénovée au cours de ces années. Après sa mort, la medersa a été baptisée « Miri Arab Medersa », ce qui signifie « propriété de l’Arabe » – une référence à l’origine arabe de son fondateur.
Architecture et construction
La Miri Arab Medersa est un exemple impressionnant de l’architecture islamique du 16e siècle et mesure 73 x 55 mètres. Elle se dresse majestueusement sur une haute plate-forme face à la mosquée Kalon et est entourée d’un ensemble comprenant la mosquée Kalon et le minaret Kalon. L’interaction harmonieuse de ces trois édifices constitue l’ensemble architectural de Poi-Kalon.
La façade de la médersa se distingue par son revêtement complet de mosaïques artistiques dans des tons bleus vifs, qui présentent des motifs végétaux, des dessins géométriques et des inscriptions épigraphiques dans la savante écriture Sülüs. Le portail d’entrée central, avec sa voûte en forme de pieuvre semi-circulaire, est flanqué de tours d’angle massives qui culminent dans des coupoles vert émeraude. Les tambours cylindriques de ces coupoles sont décorés de mosaïques de faïence élaborées qui s’intègrent harmonieusement à l’ensemble.
À l’intérieur, la médersa abrite 111 hudjras (chambres d’étudiants) spacieuses, composées d’un petit salon, d’une pièce principale avec des compartiments de rangement et d’un débarras. Les vastes Aivans servaient d’auditoriums d’été dans lesquels les étudiants suivaient les cours. La grande darshana (salle d’enseignement) sur la façade principale, qui abrite également la tombe du fondateur, est particulièrement impressionnante.
Importance spirituelle et éducation
La Miri Arab Medersa n’était pas seulement un lieu d’éducation, mais aussi un centre de développement spirituel. L’influence spirituelle de Miri Arab, le mystique yéménite Sayyid Shams ad-Din Abdullah al-Arabi, s’étendait bien au-delà des murs de la medersa. Il était le chef spirituel des musulmans de Boukhara et jouissait d’une grande reconnaissance auprès des cours de Muhammad Shaybani et d’Ubaidullah Khan.
Jusqu’en 1920, la médersa faisait partie de l’émirat de Boukhara, qui comprenait des territoires de l’actuel Ouzbékistan, du Tadjikistan et des parties du Turkménistan. Après la prise de pouvoir par l’Union soviétique, les médersas ont été fermées, mais en 1945, le mufti Eshon Bobokhon est parvenu à rouvrir la Miri Arab Medersa. Jusqu’en 1989, c’était la seule médersa de toute l’URSS où l’on enseignait l’éducation islamique.
Les études dans la médersa duraient neuf ans, ou quatre ans si les étudiants avaient déjà suivi une formation laïque. Le programme d’études comprenait à la fois des matières profanes et religieuses et était strictement contrôlé par le Conseil des affaires religieuses de l’URSS. Le nombre d’étudiants était volontairement réduit, et seuls 40 à 80 personnes y étudiaient chaque année.
Un lieu de sagesse et de spiritualité
La médersa n’était pas seulement un centre d’enseignement, mais aussi un refuge spirituel. Les portails internes ouverts le long des axes de la cour servaient de salles de classe d’été et offraient aux étudiants un lieu d’étude paisible. La décoration extérieure, avec des mosaïques sculptées contenant des ornements floraux complexes et des inscriptions calligraphiques, souligne le haut niveau de savoir-faire des maîtres d’œuvre de l’époque.
Nombre des plus grands savants, poètes et personnalités culturelles islamiques d’Orient ont fait leurs études à la Miri Arab Medersa. Elle est aujourd’hui encore considérée comme l’un des établissements d’enseignement islamique les plus prestigieux et forme la prochaine génération de muftis (juristes islamiques).
La Miri Arab Medersa est bien plus qu’un bâtiment impressionnant. Elle est le symbole de la profonde tradition spirituelle et intellectuelle de l’Asie centrale. Sa magnifique architecture, l’histoire fascinante de ses fondateurs et son rôle séculaire de centre du savoir en font un élément incontournable du patrimoine culturel de Boukhara et de l’ensemble du monde islamique. Aujourd’hui encore, elle attire des pèlerins, des étudiants et des touristes du monde entier et reste un symbole lumineux de sagesse, de foi et d’éducation.